CONCERT A LA COUR DES HABSBOURG
Heinrich Ignaz Franz Biber (1644 – 1704)
Johann Jakob Froberger (1616 – 1667) & Heinrich Schmelzer (1623 – 1680)
Domitille Gilon: violon
Ronald Martin Alonso: viole de gambe
Damien Pouvreau: théorbe
Matthieu Boutineau: orgue
Thomas Soltani: clavecin
Sonates pour violon et basse-continue
Si la richesse musicale animant la cour des Habsbourg semble remonter au XVe siècle, c'est avec l'avènement de Ferdinand III (1637) que se déploie une lignée d'empereurs étant des mélomanes cultivés, mais également des interprètes talentueux, et enfin des compositeurs prolifiques. Ces généreux mécènes de l'art sont donc de véritables acteurs de la vie musicale rythmant les événements de la cour.
Ferdinand III, ainsi que Léopold I et Joseph I ont particulièrement contribué à l'essor de la production musicale sacrée et profane en Autriche au XVIIe siècle. Ferdinand III a notamment réorganisé le « Musikcollegien », établissement musical de renom financé par la cour impériale. Les activités musicales y sont encadrées par l'empereur à travers un règlement strict qui exige une très grande disponibilité de la part des musiciens qui y étudient. Grâce à cette attention portée sur l'institution musicale, le nombre de représentations dans le domaine de l'opéra et de l'oratorio va décupler entre 1630 et 1675.
L'activité musicale des empereurs eux-mêmes participe pour une large part à cette indéniable suprématie européenne de la cour des Habsbourg : Léopold I notamment, consacrait la majeure partie de son temps libre à la composition et fit montre d'une passion et d'un investissement rares lors des nombreuses manifestations familiales et officielles organisées par la cour, où la musique occupe, naturellement, une place privilégiée.
Le foisonnement musical de la cour exerce un tel rayonnement sur l'Europe que des échanges nombreux sont encouragés entre l'Allemagne et l'Italie, puis avec l'Espagne et la France (C'est ainsi que J. J. Froberger fut envoyé en Italie). Vienne, sa cour et ses musiciens deviennent alors un réceptacle de pratiques, de styles et de techniques de composition et d'interprétation en constant renouvellement. L'esthétique musicale s'en trouve ainsi profondément enrichie et diversifiée, témoignant d'une grande ouverture d'esprit de la part des monarques.
Les oeuvres que nous avons choisies dans le cadre de l'enregistrement de ce CD sont toutes issues de compositeurs ayant vécu, plus ou moins longtemps, sous l'aile d'empereurs Habsbourg. Ce répertoire a donc vu le jour au sein de la très foisonnante cour de Vienne au XVIIe siècle, et représente un témoignage vivant de l'inventivité engendrée par les liens fraternels ayant uni un Leopold Ier ou un Ferdinand III, à des musiciens tels que Froberger, Schmelzer, Biber…
Il va sans dire que ces compositeurs n'en possédèrent pas moins une esthétique et un style propre. Ils ont contribué à l'évolution, chacun à sa façon, des pratiques musicales ayant cours durant leur époque, grâce notamment aux multiples influences dont ils ont su imprégner leur langage. Ainsi, les procédés compositionnels s'enrichissent, comme chez Froberger, des styles français, italien et allemand.
Quant à la recherche instrumentale, largement axée sur le violon, elle est motivée tout d'abord par le talent commun à ces artistes, qui pour la plupart connurent leur première renommée grâce à leur virtuosité de violonistes.
CD Aparté, parution le 25 septembre 2012